Nous en sommes à la deuxième semaine de la 2ème période de confinement « partiel ». Une chose est certaine : nous ne sommes pas égales et égaux face à celui-ci. Des familles, des couples, se retrouvent enfermés alors que des tensions ou des faits de violences conjugales existaient déjà au sein de leur foyer, ou font leur apparition. L’enfermement exacerbe ce genre de comportements. Des femmes et des enfants qui connaissent déjà la violence (ou qui la découvrent) se retrouvent désormais enfermés sans interruption avec la personne qui en est responsable. Le champ des possibles pour s’évader de cet enfer s’est considérablement réduit : diminution drastique des relations sociales, chômage économique ou télétravail imposé, activités de détente beaucoup moins nombreuses, etc.
Concrètement, les travailleurs de la ligne d’écoute 0800/30.030 s’alarment aujourd’hui dans la presse de l’augmentation fulgurante des appels.
Comme pour le premier confinement, notre conseillère Anabelle Rahhal est revenue lors du Conseil communal de ce 10 novembre 2020 avec une série de questions pour mieux comprendre la situation actuelle à Huy :
1. La police a un rôle central à jouer dans la lutte contre ces violences. Quel est le bilan concernant les plaintes déposées en ligne ou au commissariat pour la première période de confinement ? Est-ce que des mesures supplémentaires ont dû être mises en place ? Est-ce qu’il y a eu un relai via les pharmaciens et les pharmaciennes ?
En réponse, le bourgmestre ff. a exposé les chiffres de la police : 21 dossiers en 2019 et 7 dossiers de plus en 2020. La police continue à intervenir et garde un contact téléphonique avec les personnes concernées pour assurer leur sécurité. Il nous a assuré que les pharmacies sont en lien avec la police et que le système demandé par Ecolo a bien été mis en place !
2. La stratégie d’information de la ville de Huy, avec une demande d’Ecolo de rediffusion à nouveau sur le site et la page facebook de la Ville de Huy de la campagne d’information (rappelant la ligne d’écoute 0800 30 030, les différents numéros d’urgence, le chat disponible en ligne sur le site ecouteviolencesconjugales.be) accompagnée des informations spécifiques à Huy, telles que le C.R.A.F – Réseau SOS Famille, le Planning familial, le CPAS, les associations féminines, le Centre de Prévention des Violences Sexuelles le plus proche (celui de Liège par exemple), le service d’aide aux victimes Huy-Waremme, etc.
L’échevin de l’égalité Femmes-Hommes nous a confirmé que la Ville sera active à ce niveau et qu’elle continuera à participer à la campagne d’information Ruban blanc. Une nouveauté sera la confection d’un folder regroupant l’ensemble des numéros de tous les organismes et associations hutoises qui travaillent sur cette question.
3. La question du logement continuer à nous inquiéter plus particulièrement. Et pour cause : en temps normal déjà, il n’y déjà pas de refuges, milieux d’accueil à destination des femmes victimes de violences conjugale sur le territoire de Huy. En cette période de crise, est-ce qu’il y a eu des cas où il était nécessaire de rechercher un hébergement ou de louer des chambres d’hôtel, via le CPAS, pour des femmes victimes de violences conjugales ?
La présidente du CPAS nous a confirmé 6 interventions d’urgence depuis le confinement, la recherche de logement étant nécessaire par les services en toute confidentialité, ainsi qu’un travail d’accompagnement des victimes. La problématique reste difficile et il faut développer les plans de prévention plus efficaces. Les solutions sont toujours temporaires. La présidente est aussi inquiète des effets du confinement sur la longueur et explique que certaines situations se sont manifestées récemment.
4. La relance de la commission consultative avec les associations féminines. En décembre 2019, il y presque un an, nous avons décidé au Conseil communal qu’une commission consultative des droits des femmes serait mise sur pied, avec la participation des différents associations hutoises de lutte pour les droits des femmes, ce qui était une belle avancée à Huy !
Nous avons effectivement eu une 1ère réunion et depuis il y a eu cette crise du COVID. Nous pensons qu’avec ce deuxième confinement, il est important de refaire le point avec les acteurs du terrain et pas que pour la préparation de la journée internationale des droits des femmes du 8 mars. Surtout qu’un premier plan « Droits des femmes » de la Fédération Wallonie-Bruxelles/Officiel vient de voir le jour.
Il est désormais disponible et accessible depuis le 28 octobre avec un axe majeur concernant la Lutte contre le sexisme et les violences faites aux femmes, qui contient 16 mesures concrètes, déclinables ou pas, à discuter à l’échelle de Huy (par exemple, l’organisation des ateliers d’autodéfense féministe dans les écoles, mettre en place un rapport statistique régulier, un hébergement permanent…)
Pour Ecolo, le chemin à parcourir pour une société plus juste est encore long. Nous sommes convaincus que c’est dès aujourd’hui que nous devons agir ensemble, au-delà des couleurs politiques.
Ecolo réclame dès lors la convocation d’une prochaine commission consultative des droits des femmes, afin de poursuivre le travail amorcé et de pouvoir avancer sur un plan d’actions de lutte contre les violences conjugales à l’échelle de Huy. L’échevin nous a assurés que la commission reprendra le plus vite possible, cette organisation ayant été un peu laissée de côté en raison de la crise du COVID.