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Budget 2021 : après 45 ans de mauvaise gestion et 17 ans d’impréparation, il est temps de changer de cap !

Lors du Conseil communal de ce 22 décembre, la majorité PS-MR-CDH a présenté son budget 2021 pour la Ville de Huy. Voici l’intervention de notre conseil communal Rodrigue Demeuse, au nom du groupe Ecolo.

  • Derrière les chiffres, des personnes à remercier

Je voudrais d’abord entamer cette intervention par un immense remerciement à l’ensemble des employés de la Ville, et plus largement à l’ensemble des personnes qui s’activent au quotidien au service des citoyens.

Car derrière les chiffres, il y a des personnes, il y a des services rendus aux Hutoises et aux Hutois, il y a des ASBL, des acteurs culturels, sportifs, sociaux…

Et ça me semble encore plus important de le faire cette année, après des mois extrêmement difficiles, où il a fallu travailler dans des conditions très particulières pour permettre à la Ville d’assurer toutes ses missions et d’être en première ligne aux côtés des Hutois face à la crise.

Et le challenge est bel et bien relevé ! Bravo et merci à elles et à eux donc.

Je voulais également remercier tout particulièrement le service des finances et monsieur le directeur financier pour le travail de confection de ce budget. C’est un travail de titan, on le sait. Et ça l’est encore plus dans ce contexte.

  • 2021, l’année de toutes les inconnues

Car il faut le reconnaître : ce n’est pas simple de réaliser un budget communal dans le contexte difficile que l’on connaît. 

Il y a d’abord le contexte général, structurel, d’augmentation toujours plus forte des coûts, comme les zones de police, l’impact du tax-shift dont on continue à payer les conséquences, le poids des pensions des agents communaux et des cotisations de responsabilisation ou encore la diminution du fonds des communes…

Et à cela vient s’ajouter la crise du Covid, avec de premiers impacts très importants qui se feront ressentir en 2021, mais aussi et surtout en 2022, notamment à l’IPP.

En 2021, l’impact le plus fort sera très probablement sur le CPAS qui va malheureusement devoir faire face à l’arrivée de nombreux nouveaux bénéficiaires, avec de nouveaux publics notamment qui vont devoir pousser la porte du CPAS. Et on ne peut évidemment pas les abandonner et laisser l’institution seule face à cela.

Je veux donc vraiment saluer la décision prise et traduite dans ce budget d’augmenter sensiblement la dotation du CPAS en 2021 pour faire face à cet enjeu essentiel. C’est vraiment une très bonne chose ! 

  • Des aides extérieures bien utiles

Heureusement, certaines mesures importantes ont été prises, notamment par la Région wallonne, pour aider les pouvoirs locaux face à ces enjeux.

J’interviens chaque semaine sur le sujet en commission du Parlement, et je suis vraiment satisfait que nous ayons pu avec la majorité PS-MR-Ecolo, dégager des moyens substantiels qui sont bien utiles dans le budget de la Ville ! 

Rien que pour Huy, ce sont notamment 470.000 € de compensations Plan Marshall, 40.000 € de compensations de réductions de précomptes immobilier, et surtout 950.000 € grâce à la reprise du financement des zones de secours par la province. 

Ca fait donc 1,5 million d’euros d’argent frais qui permettent à la Ville de limiter un peu les dégâts. Mais ça ne suffit malheureusement pas…

  • Situation très inquiétante !

Car il ne faut pas se voiler la face, la situation budgétaire de la Ville est très inquiétante…

Aujourd’hui, avec le budget que vous nous présentez ce soir, le boni global de la Ville de Huy est désormais à 0 euros et 0 cents ! Ca signifie que sans le fond nucléaire, on serait pratiquement en faillite !

Et ça, alors qu’il n’y a pas encore une seule centrale arrêtée par une quelconque loi… Ca dépend uniquement de la gestion passée et présente du collège.

Et la solution du collège, c’est quoi ? C’est donc de commencer à vider le fond nucléaire de plus de 2 millions d’euros dès cette année ! Et je vous avoue que quand j’ai lu ça, je suis tombé de ma chaise. C’est comme si, à 40 ans, vous alliez déjà puiser dans votre pension pour payer vos factures de fin d’année. Désolé, mais ça pose vraiment question en termes de gestion.

Surtout quand on voit la façon dont une autre ville dans laquelle se trouve une centrale nucléaire, Beveren, avec deux fois plus d’habitants, gère la transition, en ayant préparé les choses depuis bien plus longtemps…

Alors qu’ici à Huy, quand un réacteur tousse, c’est toute la ville qui s’étouffe ! 

Et c’est bien ça le plus inquiétant : que vous deviez déjà aller puiser dès à présent dans le fond nucléaire, 5 ans avant la fermeture, alors que les centrales sont encore allumées toutes les 3 ! Alors que, depuis 45 ans, on touche 15 millions de plus que toutes les autres villes de 21.000 habitants. Et malgré cette manne céleste, on doit déjà aller puiser dans les maigres réserves péniblement constituées.

Là vraiment, il n’y a pas pire en termes de mauvaise gestion et d’impréparation. Et ça n’a rien avoir avec les Ecolos ! Vous avez placé la ville dans une situation de dépendance absolue depuis 45 ans, comme un junkie accroché à sa dose.

Et la situation actuelle démontre juste à quel point ce n’est plus tenable, à quel point on en est trop dépendants de centrales qui s’arrêtent d’elles-mêmes et ne tournent plus que la moitié du temps. Il est urgent de changer de fiscalité sur le nucléaire et de façon de faire de manière générale, de respecter les balises du CRAC en termes de fonctionnement, de remplacement de personnel, de réfléchir aussi sérieusement à l’opportunité d’investir sur fonds propres jusqu’à la limite maximale, de réfléchir à l’efficacité de notre monozone de police… 

On ne peut plus risquer chaque année de perdre 1/3 de nos recettes en priant pour qu’il n’y ait aucun arrêt planifié ou non planifié.

Sur les dernières années, ce sont déjà des millions d’euros qui ont été dégrevés en raison des arrêts de réacteurs de la centrale. Il ne reste aujourd’hui déjà plus que 12 millions dans le fond nucléaire, alors que vous m’assuriez le mois dernier qu’on ne toucherait pas au fond avant la fermeture des centrales.

Mais en fait, à ce rythme, vous allez même devoir le vider complètement avant 2025 puisque les projections des prochaines années au plan de gestion prévoient un boni global négatif de 3 à 5 millions par an jusqu’en 2026… 

Le fond sera donc à sec en 2025 et ce sera comme si on n’avait rien préparé alors que vous êtes pourtant prévenus depuis 17 ans !

  • Des points positifs, mais surtout de nouvelles taxes et une dette qui explose

Alors, vous direz que vous essayez aujourd’hui de préparer la ville en investissant dans de gros projets, en misant tout sur le tourisme. Il y a aussi le projet de cité administrative qui semble aller dans la bonne direction, même si on peut s’interroger sur les garanties de subsides en la matière.

On peut aussi souligner vraiment positivement l’installation de panneaux solaires à Outremeuse et aux ateliers Heine, le projet de roue sur le Hoyoux, le doublement de la prime à la rénovation des surfaces commerciales (même s’il faudra là faire un effort de communication et d’accompagnement puisqu’on a vu par le passé qu’elle n’était pas du tout utilisée). Il y a aussi le renouvellement de l’éclairage en LED et le réaménagement d’un parcours sportif dans le bois de Tihange.

Ces projets, pour la plupart à l’extraordinaire, sont positifs et utiles. Mais il faut désormais être plus prudents que jamais. Surtout quand on voit que la dette va ni plus ni moins que doubler cette année et passer de 26 millions à 52 millions ! Qu’on va emprunter 28 millions, rien que sur 2021. Vu la situation de la Ville, chaque investissement doit être parfaitement réfléchi et pesé, et surtout utile au citoyen. 

Et justement, pour ça, on peut travailler aussi à l’ordinaire, dans ce qui fait le quotidien des gens. Et là, malheureusement, comme l’an dernier et comme l’année précédente, on cherche toujours les nouveaux projets. 

Car c’est aussi d’innovation dont on a besoin pour relever les défis qui attendent la Ville. C’est ça aussi qui contribuera à la rendre plus attractive, au-delà des gros investissements. Ce sont souvent des petites politiques qui ne coûtent pas très cher mais qui changent beaucoup en termes d’attractivité et de bien-être.

Et là, à part toutes les nouvelles taxes, dont on connaît cette fois le montant, qui s’élève à 305.000 €, il n’y a pas grand-chose.

En matière de mobilité, de climat, de participation citoyenne, il n’y a de nouveau rien ou presque. On est très très loin des engagements présentés en début de législature, mais surtout des besoins très concrets en la matière. Au contraire, on taxe les parkings SCNB, en ce compris celui de Statte, on diminue les montants consacrés à l’audit énergétique, on réduit de moitié la prime pour les travaux d’économie d’énergie, on ne crée toujours pas de réel budget participatif…

Même avec moins de moyens, des actions dans ces domaines sont pourtant bel et bien possibles ! Car il n’y a pas que le bling-bling qui compte. Il y a aussi la qualité de vie au quotidien. Il suffit de regarder ce qui se fait dans d’autres communes voisines avec beaucoup moins de moyens. C’est possible.

Mais c’est clair que ça suppose de faire des choix et d’être parfois raisonnables. 

Vous aurez compris que nous ne soutiendrons pas ce budget qui ne correspond pas aux choix et aux priorités que nous portons. Mais j’espère vraiment qu’au lieu de lancer des attaques stériles et infondées dans la presse, en se lamentant sur son sort pour tenter de se défaire de ses propres responsabilités, nous pourrons travailler tous ensemble à relever les défis qui attendent notre Ville. En tout cas, nous réitérons vraiment notre main tendue pour avancer ensemble dans cette direction.