Ce mardi 19 décembre, les conseillers communaux de Huy en Commun étaient présents auprès des habitants venus nombreux à la réunion d’information préalable (RIP) organisée par le demandeur de permis, dans le cadre de l’étude d’incidences sur l’environnement du projet immobilier envisagé entre la rue du Long Thier et la rue d’Italie.
De très nombreuses questions légitimes ont été soulevées par les riverains à cette occasion, auxquelles le promoteur n’a pu apporter de réponses satisfaisantes. Si le concept de parc habité envisagé par le projet semble intéressant en théorie, à condition qu’il soit public, bien entretenu et sécurisé, Huy en Commun partage les fortes inquiétudes des habitants et attend de l’étude d’incidences qu’elle apporte rapidement des réponses claires. Plusieurs points posent problème.
D’abord, l’ampleur du projet apparaît démesurée et injustifiée au regard des besoins. 92 nouveaux appartements sont ainsi prévus dans un quartier principalement composé de maisons unifamiliales ! « A-t- on encore réellement besoin d’autant d’appartements neufs à Huy !? », s’exclame Anabelle Rahhal, conseillère communale et ingénieure-architecte urbaniste. « Il est indispensable de prendre en compte l’ensemble des projets de logements déjà créés sur Huy ces 5 dernières années. D’autant que les appartements proposés compteront 2 ou 3 chambres, avec des charges importantes, et ne seront donc clairement accessibles financièrement qu’aux personnes les plus aisées. Cela ne répond donc en rien au besoin en logement des personnes plus précarisées et des jeunes qui se lancent dans la vie ». En l’absence de tout schéma directeur de développement communal à Huy, la future étude d’incidences devra donc justifier une telle quantité de logements proposée dans le projet, en dehors de toute mixité sociale.
En termes de mobilité, 127 voitures supplémentaires sont annoncées dans le quartier. Mais tant la rue des Crépalles, la rue du Hercot que la rue d’Italie ne sont pas adaptées à accueillir une telle circulation supplémentaire. Ce chiffre est en outre largement sous-estimé puisqu’il ne prend en compte qu’une voiture par appartement et 35 visiteurs. Or, vu le nombre de logements et le règlement communal en la matière, ce sont bien 138 places de parking pour les appartements, en plus des 35 parkings pour les visiteurs, qu’il conviendrait de prévoir, ce qui fera au minimum 173 voitures en circulation. Sans compter le risque élevé de stationnement sur les voiries avoisinantes, dès lors que le site en lui-même ne laisse aucune place à la voiture. Pour Anabelle Rahhal, « Il n’y a pas de solution miracle, il faut absolument revoir à la baisse le nombre d’appartements ! Le projet est beaucoup trop gros pour le quartier. Ce site est difficilement accessible à pied, en vélo ou en bus, d’où la nécessité de mener une réflexion sérieuse dans l’étude d’incidences sur la circulation automobile et le stationnement des voitures dans le quartier. Le nouveau charroi va amener pollution de l’air et pollution sonore dans un quartier calme où il fait bon vivre ».
Sur le plan environnemental, ce projet implique également la bétonisation importante de l’un des seuls espaces verts du centre-ville. Avec un impact sur la gestion des eaux. A cet égard, les propos du demandeur du permis n’étaient pas du tout rassurants concernant la capacité des égouttages de la rue d’Italie et de la rue Ferrer à accueillir les eaux usées d’autant de nouveaux logements. De plus, vu la déclivité de ces rues, deux axes de ruissellement existent et ils doivent être pris en considération, car l’imperméabilisation des sols en hauteur ne peut générer qu’une accentuation des débits de ruissellement. Les avaloirs existants étant souvent saturés en cas de forte pluie, il y a un risque que les maisons en bas de la rue d’Italie se retrouvent avec des caves inondées, comme cela s’est déjà produit dans le passé.
En termes d’intégration paysagère, vu que le terrain est fort enclavé, l’une des grandes craintes concerne les vues depuis les maisons existantes vers les nouvelles tours, ainsi que les vis-à-vis. Les nouveaux résidents auront des vues directes sur les jardins des riverains, ce qui est difficilement tolérable pour des habitants qui ont investi économiquement dans un bien pour la vue sur la nature et la tranquillité. Les coupes présentées à la réunion d’information pour justifier le maintien de certaines vues à travers le site semblent incorrectes ou incomplètes et les 3D présentées montrent des bâtiments bien trop imposants en termes de hauteur, surtout rue du Long Thier. Sur les images, ces bâtiments sont soi-disant cachés par des arbres touffus comme en pleine période estivale, ce qui ne sera évidemment pas le cas en hiver. Ensuite, « qui peut nous garantir que le chantier de construction ne supprima réellement aucun de ces arbres qui sert comme masque de camouflage de l’énormité de ce projet ? », ajoute Anabelle Rahhal. « En tout état de cause, avec ou sans la végétation, le projet doit respecter les gabarits des maisons dans les rues avoisinantes, en termes de hauteur ».
Huy en Commun suivra de près l’avancement de ce projet et se montrera particulièrement attentif aux résultats de l’étude d’incidences et aux adaptations qui en résulteront, préalable indispensable à toute demande de permis.
Ce dossier rappelle en tout cas une fois de plus l’importance d’établir au plus vite un schéma de développement communal permettant de planifier, avec les Hutois, l’aménagement de la Ville et de protéger les quartiers face aux projets inadaptés.
En attendant, nous continuerons à soutenir les habitants et nous leur donnons 2 rendez-vous :
• Un porte-à-porte le dimanche 7 janvier à 14h dans le quartier rues d’Italie, de Hercot, Ferrer, de la tête noire, du Long Thier.
• Une rencontre conviviale le mardi 9 janvier dès 19h00, afin d’échanger avec les habitants autour de ce projet et de leur quartier et afin de les aider du mieux possible. La rencontre se fera à l’adresse suivante : Rue Vierset Godin, 12 à Huy