Taxe déchets : une augmentation anti-écologique et pénalisante pour les Hutois !

Quatre ans après avoir déjà augmenté la taxe « déchets » de plus de 10 € par ménage par an, voilà que la majorité PS-MR-CDH veut à nouveau relever la taxe de plus de 10 € à partir de 2021 ! Avec cettenouvelle augmentation d’environ 10% par rapport à la situation actuelle, cela fait donc en 4 ans unehausse de près de 30 % pour les Hutois (+ 18,50 € et 28,5 % pour les isolés ; + 26,14€ et 28% pour les ménages de 2 personnes ; + 28,85 € et 23 % pour les ménages de 3 personnes) !

On le sait : la Ville est dans une situation financière compliquée. Mais il est inacceptable pour Ecolo que le Collège récupère ainsi de l’argent sur le dos des bons trieurs parmi les Hutois, et ce sans aucun incitant efficace permettant de réduire la production de déchets résiduels !

L’excuse avancée par la majorité consiste à dire que les prévisions de taux de couverture des dépenses par les recettes issues de la taxe n’allaient plus être que de 101% en 2021 (contre 107% en 2019). Or, la Région wallonne impose le respect du coût vérité, soit une couverture entre 95% (et non 100% comme le prétend le collège) et 110%. Toutefois, non seulement un taux de couverture de 101% restait largement dans les balises wallonnes, mais surtout cette réforme aurait pu être l’occasion de revoir réellement l’esprit de cette taxe pour encourager les bons trieurs et offrir un meilleur service aux Hutois.

Mais c’est tout le contraire auquel on assiste aujourd’hui, avec une augmentation bête et méchante. Cette hausse de la taxe est en effet profondément anti-écologique, puisqu’elle concerne exclusivement la part forfaitaire, déjà extrêmement élevée à Huy, sans inciter à un tri plus efficace et sans réforme de la récolte des organiques. Elle est également pénalisante pour les Hutois qui paient déjà le traitement de leurs déchets beaucoup plus cher que dans les communes voisines, en comparaison au service rendu.

C’est pourquoi le groupe Ecolo votera contre la proposition du Collège. Explications…

• Non-sens écologique

Cette réforme de la taxe « déchets » était l’occasion d’une vraie ambition écologique pour la Ville de Huy, qui aurait pu se traduire par une diminution de la part forfaitaire, que tout le monde paie peu importe sa production de déchets, et une augmentation substantielle de la part variable, liée aux kilos supplémentaires, afin d’encourager la population à diminuer sa production de déchets. Comme cela se fait ailleurs. 

Or, le montant de la partie variable reste exactement identique (0,19 €/kg supplémentaire) et seule la taxe forfaitaire augmente fortement. Cela signifie que peu importe que les Hutois fassent un effort ou non pour produire moins de déchet, ils subiront de plein fouet l’augmentation. 

De nombreuses personnes produisent pourtant beaucoup moins que les 12 levées et 45kg/personne par an prévus dans la taxe forfaitaire. Or, déjà actuellement, le montant excessivement élevé de la taxe forfaitaire ne les encourage pas à trier. Mais avec l’augmentation prévue, ils y auront encore moins intérêt puisqu’ils devront de toutes façons la supporter. La proposition de la majorité constitue donc une véritable sanction des bons comportements et une incitation à ne pas trier ! 

Alors que, dans d’autres communes, on encourage au contraire les bons trieurs avec une taxe forfaitaire plus faible et une taxe variable plus élevée, jusqu’à 30 centimes par kilo supplémentaire produit. Mais surtout, certaines communes, comme à Wanze récompensent les bons trieurs en leur offrant une prime. Ce n’est malheureusement pas le cas à Huy…

Parallèlement, on aurait pu profiter de cette réforme pour faire évoluer le tri des déchets organiques à Huy, une des dernières communes à fonctionner avec des sacs biodégradables et non des conteneurs. Le système actuel démontre en effet toutes ses limites. 

Et les chiffres le démontrent : alors que les organiques représentent plus de 40% des déchets ménagers, on récolte à Huy péniblement 15 % des déchets via les sacs organiques (soit en 2019, 349,48 tonnes d’organiques contre 1.935,108 tonnes de résiduels).

Cela confirme d’ailleurs les chiffres d’Intradel qui démontrent que la récolte des organiques par sacs est deux fois moins efficace que la récolte par conteneur. Et pendant ce temps, c’est donc plus de 400 tonnes de déchets supplémentaires qui sont tout simplement incinérées au lieu d’être transformées en énergie renouvelable…

La Ville le constate d’ailleurs elle-même dans les tableaux d’évaluation servant à justifier l’augmentation de la taxe, puisque le commentaire se trouvant à côté du chiffre relatif aux déchets résiduels est le suivant : « Malgré le passage à la collecte des organiques, baisse moins importante de la fraction résiduelle. Même chose pour les levées. » C’est bien la preuve que le système doit changer !

Car ce manque de succès s’explique facilement pour deux raisons : le prix et les difficultés pratiques. En effet, les sacs biodégradables sont payants et viennent donc s’ajouter à la taxe poubelle, alors que ce n’est pas le cas dans les autres communes. C’est donc clairement dissuasif. Quant aux difficultés pratiques, elles sont évidentes, dès lors que l’utilité de cette récolte des organiques concerne avant tout les personnes ne disposant pas de jardin, notamment celles qui vivent en appartement. Et pour en faire l’expérience chaque semaine, c’est intenable de conserver les déchets organiques pendant 7 jours (qui correspond à la fréquence de ramassage), puisque, outre le fait que le sac se dégrade après un temps et coule, il n’y a aucun endroit pour le stocker. Sauf à même le sol, dans un garage, ce qui attire les bêtes.

C’est donc une nouvelle occasion manquée ce soir, en espérant que cela puisse prochainement évoluer…

• Les Hutois moins bien lotis

Et pourtant, quand on regarde dans les communes voisines, on constate qu’il est possible de faire beaucoup mieux, et pour beaucoup moins cher ! Les Hutois sont ainsi les plus mal lotis de toute la région. 

En effet, la taxe « déchets » est, aujourd’hui déjà, beaucoup plus élevée à Huy que dans les communes voisines, aux spécificités urbaines identiques, que sont Wanze et Amay. Ainsi, comme le montre le tableau ci-dessous (voir en dernière page), les Hutois paient plus cher pour une offre pourtant bien inférieure. Et ce constat s’aggrave avec la réforme proposée.

Et pas qu’un peu. On parle d’une différence pouvant aller avec Wanze jusqu’à 41 % plus cher pour un isolé(ou 76 cents par kilo enlevé, soit 1,09 €/kg à Wanze contre 1,84€/kg à Huy), et même 46% avec Amay pour les ménages de 3 personnes (ou 53 cents par kilo enlevé, soit 0,61€/kg à Amay contre 1,14€/kg à Huy).

A titre d’exemple, prenons un ménage de trois personnes. Il paiera 154 € à Huy, pour 135kg de déchets résiduels compris. Il paierait 160€ à Wanze, mais pour 210kg de déchets (120 kg résiduels et 90kg organiques). A Amay, il ne paierait que 110€, pour 180kg de déchets (90 kg résiduels et 90kg organiques). 

La même différence flagrante vaut également pour les personnes isolées et les ménages de deux personnes ou plus (cf. tableau), ce qui démontre qu’une alternative est possible à un coût moins élevé pour les citoyens.

A cela s’ajoute également l’augmentation de la taxe « déchets assimilés » frappant les indépendants, peu importe qu’ils produisent des déchets ou non, peu importe qu’ils exercent leurs activités à titre complémentaire ou à domicile. Là encore, il s’agit d’une taxe qui frappe durement les petites activités et qui n’encourage à nouveau pas le tri des déchets.

Face à ces constats, le groupe Ecolo ne peut dès lors que s’opposer à cette réforme qui fait du Hutois le dindon de la farce et qui ne poursuit aucune ambition écologique, pénalisant plutôt les bons comportements !

Tableau comparatif de l’évolution de la taxe déchets à Huy et par rapport aux communes voisines :