Ecolo Huy a analysé le budget 2018 présenté par la majorité et qui sera voté au conseil communal de ce lundi 18 décembre. Ce budget est particulier puisqu’il s’agit du dernier de la législature.
Un budget électoraliste
Il s’agit, selon nous, d’un budget électoraliste. En effet, la majorité joue au magicien, pour ne pas dire à l’apprenti sorcier. A quelques mois des élections, elle sort ainsi soudainement d’un chapeau électoral toute une série d’idées nouvelles, faisant même encore plus de promesses que d’habitude.
Or, si c’est comme les autres années, seuls 38% de ces investissements seront effectivement réalisés cette année.
Par ailleurs, rien ne dit que tous ces projets seront mis en œuvre puisque cela suppose de dépenser à l’extraordinaire absolument tout ce qui est autorisé par la balise d’emprunts établie par le CRAC, voire plus que ce qui est permis.
En effet, les investissements prévus dépassent la balise d’emprunts, en comptant sur le fait que le Ministre acceptera une mise hors balise de certains investissements, sans quoi, ils ne se feront tout simplement pas : il s’agit de la toiture du hall omnisport, des châssis de la bibliothèque et de l’école de Solières, ainsi que de la chaudière du Barabas.
Ce sont pourtant des investissements économiseurs d’énergie, qui sont essentiels, plus encore à Huy qu’ailleurs. En effet, selon le dernier rapport Belfius, Huy compte deux fois plus de dépenses énergétiques que la moyenne de la province (et 4 à 5 fois plus en gaz). Certes, des économies ont été récemment réalisées, mais il faut absolument les poursuivre et les accélérer. Et les investissements prévus en la matière doivent donc être prioritaires et ne peuvent être rendus hypothétiques comme c’est le cas ici.
Certains éléments positifs
Il faut toutefois souligner certaines choses positives. Citons ainsi la rénovation du bâtiment de Dora dores qui leur permettra enfin de faire des économies et surtout d’obtenir des subsides supplémentaires, l’installation de bornes de rechargement électrique, la rénovation du bateau, ou encore les primes pour les investissements économiseurs d’énergie, les familles monoparentales et la mobilité du personnel.
Ces idées sont intéressantes… Mais à entendre les membres du Collège dans la presse et en commission, leur mise en œuvre est loin d’être précisée, surtout en ce qui concerne les différentes primes. Ce manque de réflexion préalable crée donc le doute quant à leur concrétisation effective en 2018.
Des points problématiques ou absents
En revanche, plusieurs éléments posent vraiment problème dans ce budget.
Tout d’abord, relevons l’absence de tout budget participatif, contrairement à l’intéressante expérience menée à Gives l’an dernier.
Notons ensuite l’absence de crédit budgétaire pour l’expropriation des immeubles effondrés de la Rue Neuve. Le bourgmestre a annoncé il y a quelques semaines qu’une expropriation serait engagée, comme nous le réclamons depuis des mois, si les propriétaires ne proposent pas de projet d’ici la fin de l’année. Il reste donc une dizaine de jours et aucun projet n’est sur la table, ou sur le point d’être proposé. Une expropriation sera donc nécessaire, mais rien n’est prévu au budget, ce qui retardera encore les choses…
Relevons aussi l’unique mesurette proposée pour relancer le commerce, à savoir une prime de 10.000€ à diviser entre au moins 2 ou 3 nouveaux commerces. L’idée est louable mais revient à tenter d’éteindre un incendie avec un fusil à eau. Cela ne traduit pas une réelle ambition de relancer le commerce à Huy. Dans de nombreuses autres villes (Liège, Hannut), ce genre de primes s’élèvent souvent à plus de 6000€ par nouveau commerce. Et surtout, les projets sont désignés par un jury participatif ! Apparemment, les modalités de la prime hutoise ne sont pas encore définies, mais nous encourageons donc la majorité à mettre en place une procédure vraiment objective et participative qui permette de sélectionner des projets originaux.
Notons encore l’énorme poids que font peser sur le CPAS les mesures Di Rupo et Michel en matière d’exclusion du chômage et des allocations d’insertion.
Par ailleurs, le très hypothétique skate-park est certes programmé pour la 4è fois, mais il a malheureusement peu de chances d’aboutir étant donné que, depuis 3 ans, personne n’a pris la peine de téléphoner à Infrasports pour vérifier si on pouvait bien obtenir des subsides pour un skate-park situé hors du centre-ville. Ne parlons même pas du parcours vita…
Autre point négatif, l’absence de toute action en faveur du climat. Seule l’étude des émissions de CO2 des bâtiments communaux, reportée de l’année dernière, est reprogrammée. Et pendant ce temps-là, Pollec sombre dans une léthargie la plus totale.
En matière de mobilité, on ne retrouve toujours aucune des propositions intéressantes qui figuraient au plan intercommunal de mobilité présenté il y a 4 ans ! Sur ce plan, la Ville de Huy est à l’arrêt total depuis des années et ce budget n’y apporte aucune solution. C’était pourtant déjà le sujet de campagne en 2012… 6 ans plus tard, la situation a encore empiré.
Enfin, il est étonnant de voir que le Collège ne prévoit aucune nouvelle provision alors qu’un boni de 2,5 millions est prévu à l’ordinaire. Nous ignorons s’il faut l’interpréter comme une envie de présenter un boni plus important ou comme l’absence de confiance dans les chiffres avancés et donc la crainte de voir ce boni se réduire en cours d’année. Quoi qu’il en soit, il aurait été souhaitable de continuer à provisionner dès à présent.
Une explosion de la dette !
Mais le point le plus inquiétant est l’explosion totale de la dette. On creuse cette année la dette de 50% !
Il faut évidemment réaliser des investissements, mais pas à n’importe quel prix et pas au détriment des générations futures. Nous passons ainsi en 2018 de 28 millions d’euros de dette à 42 millions d’euros, soit d’un peu moins de 1200 euros par habitant à 1800 euros.
Selon le dernier rapport Belfius, en 2015, nous étions la 3e commune de la province avec la dette la plus élevée par habitant, nul doute qu’en 2018 nous serons la première.
Or, au lieu d’être les leaders en matière de dette, nous souhaiterions que la Ville de Huy soit leader en matière de participation citoyenne, de mobilité innovante, de redynamisation commerciale et de transition écologique.
Certains projets vont dans le bon sens, mais il est temps de mettre la vitesse supérieure. Nous avons à Huy l’un des budgets les plus élevés de Wallonie par habitant ! Avec des moyens pareils, il serait possible de faire tellement mieux !
C’est pourquoi nous voterons contre ce budget.
Un plan alternatif : le plan PUNCH !
Pour Ecolo Huy, il ne suffit pas de commenter le budget. Nous voulons aussi encourager le Collège à aller plus loin. Dans tous nos porte-à-porte, il y a un écho qui revient toujours : c’est la crainte que la Ville de Huy se vide de ses commerces, de ses bars, et se meurt.
Notre priorité est la redynamisation du centre et des quartiers de Huy. Ecolo incarne l’alternative à Huy, et surtout le tonus dont la Ville a besoin. 2018 doit marquer la mise sur pied d’un plan de relance soutenu par tous. Avec notre jeunesse, notre force de propositions, nos actions au quotidien dans tous les quartiers, nous voulons jouer un rôle de pionnier dans ce domaine.
C’est pourquoi nous proposons aujourd’hui un plan alternatif. Il s’agit du plan PUNCH !
PUNCH est l’acronyme de Participatif, Ultra-dynamique, Novateur, Concret, à Huy.
L’objectif de ce plan est de redynamiser la Ville en proposant une alternative aux choix de la majorité actuelle, autour de trois axes : le commerce, la mobilité et l’énergie.
Notre plan « PUNCH », c’est notre ambition pour Huy, nous voulons être constructifs. On veut que ça aille beaucoup plus vite et surtout qu’il y ait une vision stratégique pour Huy. Finies les mesurettes isolées. La Ville de Huy mérite mieux que des débats sur des murs anti-pipi et un skate-park qu’on promet chaque année sans jamais le voir venir !
Nous voulons un plan de redynamisation cohérent, ambitieux, global de la Ville.
En matière de commerce, nous proposons : un véritable CREaSHOP à Huy avec des moyens conséquents qui y seraient consacrés, une charte des devantures pour les commerces, l’expropriation du chancre de la Rue Neuve et la mise en place d’un projet participatif, le développement d’une gestion électronique des parkings…
En matière de mobilité, nous proposons : la mise en place d’un service de voitures partagées (Cambio ou autre), le réaménagement complet de la RN90, l’aménagement d’une zone 30 au centre-ville, la création d’une navette fluviale, la prise en compte du vélo comme une priorité absolue, l’augmentation des services de bus, la jonction des Ravels, l’organisation d’une Journée Sans Voiture, une solution efficace pour Ben-Ahin avec la création de turbo-ronds-points, un taxi social, un encadrement des élèves qui souhaitent aller à vélo à l’école, formation de vélo en ville, parking d’écovoiturage.
En matière d’énergie, nous proposons : la redynamisation du comité de citoyens POLLEC (une seule réunion ces 6 derniers mois)(nous sommes signataires de la Convention des Maires, nous devons déposer d’ici quelques mois notre Plan en faveur de l’énergie durable et il n’y a toujours rien sur la table), l’installation d’un compteur géant de CO2 à l’Hôtel de Ville de Huy, une campagne de communication “Huy 2030”, un concours des familles à énergie positive, sensibilisation du personnel, centrale d’achat tertaire en électricité et en gaz, installation de panneaux photovolotaïques, Plan communal cyclable…
Un plan à construire avec les Hutois
Ce plan doit être construit avec les Hutois. C’est ce que nous avons entamé depuis quelques semaines avec notre grand porte-à-porte dans tous les quartiers de la Ville, chaque week-end.
Nous avons également adopté un plan d’actions de terrain qui permettra de construire le programme communal, avec une action tous les quinze jours sur l’une des thématiques qui nous paraissent importantes.
Après la distribution de petits fruitiers et une récolte de vêtements et de jeux pour Saint-Nicolas, nous avons d’ailleurs organisé ce lundi 18 décembre une action sur la Grand-Place pour aller à la rencontre des jeunes et récolter leurs idées pour la Ville.
Une alternative est possible et nous la construisons avec les Hutois !