Le Budget 2022 était présenté lors du Conseil communal de ce 20 décembre. Voici l’intervention portée par Rodrigue Demeuse pour notre groupe :
- Faire le point à mi-législature
Nous voilà donc arrivés à ce moment toujours important qu’est le vote du budget.
Et ce n’est pas un budget comme les autres. C’est le quatrième budget de la législature. Nous entamons la deuxième moitié de la législature. On devrait donc en principe assister à la concrétisation de toute une série de projets et tracer les grandes lignes qui seront imprimées par la majorité au cours des trois prochaines années.
Mais pour être honnête, alors que dans votre cas c’est même en fait déjà le 10è budget présenté par votre majorité, on attend toujours…
On attend toujours avec impatience la concrétisation des quelques mêmes gros projets mammouths, qui sont représentés année après année (avec juste les coûts qui augmentent). Et pour le reste, ce budget est principalement un copié-collé du budget précédent. Alors qu’on attend toujours le souffle, l’énergie qu’on aimerait voir au quotidien dans la politique de la Ville.
- Remercier les équipes
J’y reviendrai, mais avant d’entrer dans le vif du sujet, je voudrais comme chaque année commencer par remercier le service des finances et le directeur financier pour la réalisation de ce budget. On sait que c’est toujours un exercice particulièrement difficile et même de plus en plus difficile.
Et je veux étendre plus largement ces remerciements à l’ensemble des équipes de la Ville qui la font tourner au quotidien et réalisent un travail essentiel pour les Hutoises et les Hutois, dans un contexte qui, cette année encore, a été très compliqué.
- Un contexte difficile, encore plus à Huy
Parce qu’il faut être honnête, toutes les communes font face aujourd’hui à des défis énormes. Pour n’en citer que quelques-uns : coût des pensions et cotisations de responsabilisation (918.000 € pour Huy cette année), zones de secours, zones de police, CPAS (+ 24 % en 2 ans à Huy : la crise est bien réelle pour une partie de la population)…
Et nous devons en plus faire face à Huy au défi de la sortie du nucléaire. On le sait depuis 18 ans. Depuis 50 ans, en fait. Où on reçoit des moyens énormes qui correspondent à ceux d’une ville de 50.000 habitants et dont on savait qu’ils ne seraient pas éternels. Le réveil a été lent, très lent pour certains. Mais la pièce semble enfin cette fois être tombée. Tard, très tard. 15 ans trop tard.
Mais mieux vaut tard que jamais.
- Le Plan Oxygène, une bouffée d’air frais qui ne règle pas tout
Et dans ce contexte, face à tous ces défis, le Plan Oxygène tombe à point pour nous donner un peu d’air et permettre enfin d’entrevoir l’avenir de façon un peu plus sereine… Ca doit être souligné.
Huy fait en effet partie des communes qui peuvent bénéficier d’une prise en charge du capital et, comme elle est déjà sous plan de gestion du CRAC, c’est donc logique d’avoir fait appel à cette aide de la Région. On parle de 31,3 millions d’euros de prêts sur 5 ans, dont 4,7 millions de capital remboursé par la Région, en plus des intérêts.
Ce sont des moyens qui font du bien, très clairement !
Mais attention. Il faut rester très prudent et ne pas soudainement croire que tout irait bien et qu’on peut à nouveau dépenser sans compter. On ne parle ici que d’emprunts qu’il faudra rembourser pendant 30 ans (à l’exception des 15% pris en charge par la Région).
Ca a donc un impact très fort sur la dette de la Ville. Rien que la première tranche d’aide, c’est 200.000€ par an qu’il faudra rembourser dès l’an prochain.
On étale en fait juste les difficultés dans le temps. Alors, oui ça fait du bien, ça permet de se donner une bouffée d’air.
Mais ce ne sont pas des mesures structurelles. Ca ne doit pas nous faire oublier la nécessité de mettre en œuvre des réformes structurelles complémentaires. Modifier notre fiscalité pour taxer les déchets nucléaires, respecter les balises du CRAC en termes de fonctionnement et de personnel, réfléchir à l’efficacité d’une monozone de police et de deux commissariats, réfléchir sérieusement à l’opportunité d’investir sur fonds propres jusqu’au maximum de la balise (voire de le dépasser comme c’est le cas ici puisqu’on va au-delà de la balise en rapatriant 1,3 millions de l’ordinaire vers l’extraordinaire)…
Là, il reste énormément de travail !
- Des bonnes nouvelles extérieures
Car on demeure aussi très dépendants des autres facteurs extérieurs. Et ici, il faut reconnaître qu’au-delà du plan Oxygène, on a aussi été aidés par une série de bonnes nouvelles, dont certaines étaient assez inattendues.
C’est notamment le cas des recettes à l’IPP qui sont en augmentation par rapport à l’an dernier, alors qu’on pouvait plutôt s’attendre à une forte baisse vu le chômage économique important lié à la crise sanitaire en 2020. Mais on ne sait pas ce qu’il en sera l’an prochain.
C’est le cas aussi du fonds des communes où les dotations principale et complémentaire cumulées augmentent de 223.000 €.
Et puis, un autre éléments qui fait du bien, c’est la poursuite de la reprise du financement des zones de secours par les provinces, combinée à la diminution de la part prise en charge par la Ville de Huy dans la zone Hemeco pour atteindre progressivement un montant plus raisonnable et représentatif de notre population. Ce sont 500.000 € économisés cette année et c’est évidemment très substantiel.
- Un budget sans la moindre nouvelle politique
Voilà pour quelques considérations générales et de contexte, qui concernent finalement des éléments assez indépendants des choix politiques que vous posez.
Les vrais choix politiques, ils se trouvent dans le budget ordinaire et dans les investissements à l’extraordinaire.
Et là, il faut bien reconnaître qu’il n’y a pas grand-chose à dire.
C’est même le calme plat. C’est un copié-collé des budgets précédents…
En particulier à l’ordinaire.
Le seul souffle de ce budget, c’est finalement sa mise sous oxygène par la Région.
C’est bien simple : quand on regarde à l’ordinaire, on ne trouve aucune nouvelle politique annoncée pour 2022. Rien. Comme d’ailleurs à peu près depuis 3 ans malheureusement, alors qu’on espère chaque année voir des avancées sur une série de sujets importants, comme le climat, la participation citoyenne, la mobilité, le social.
Au contraire, on voit plutôt une série d’abandons comme le plan de mobilité pour le personnel communal ou l’école de devoirs pour les adolescents.
Et toujours pas de réel budget participatif, alors que toutes les communes autour de nous en mettent en place. Même les plus petites, en y consacrant des dizaines de milliers d’euros, avec de magnifiques projets citoyens à la clé ! A Huy, rien !
On ne trouve toujours pas non plus de voitures partagées, toujours pas de plans de mobilités par quartier, toujours pas de moyens pour la mise en œuvre du plan climat…
- Quelques nouveaux investissements quand même
Il faut donc se rabattre sur l’extraordinaire. C’est d’ailleurs la seule chose que vous avez mise en avant dans la presse.
Mais là aussi, quand on voit les projets que vous mettez en avant dans la presse, c’est la piscine, le téléphérique, le parvis de la collégiale, la liaison douce entre la gare et le parking de l’Europe, l’Avenue de Natitingou, le Quadrilatère, la halte pour les motorhomes…
En fait, on aurait pu ouvrir le budget d’il y a 5, voire 10 ans pour certains, c’était déjà les mêmes projets… De beaux projets c’est vrai, qui prennent du temps, mais on commence à se demander s’ils finiront par se concrétiser un jour.
Heureusement, il y a quand même quelques nouveautés comme les aménagements cyclables prévus Avenue des Ardennes et pour le stationnement, dans le cadre des subsides Wallonie Cyclable. Merci au Ministre Henry.
Ou encore le nouveau parc à Tihange, là aussi grâce aux subsides des Ministres Henry et Tellier.
Il y a aussi la zone 30 de Tihange et le lancement des études pour la nouvelle école d’Outremeuse. C’est très positif.
Mais aucune surprise et finalement très peu de souffle là aussi.
- Besoin de souffle au quotidien
Car plus que jamais, on ne répétera jamais assez que pour relever les défis auxquels elle est confrontée, la Ville a besoin de souffle, d’énergie, d’innovation. Elle a besoin d’impulsion au quotidien. Pas juste des mêmes gros investissements mammouths portés depuis 10 ans. Qui sont importants, mais qui prennent énormément de retard et dont les coûts explosent ! Et qui sont en plus réalisés aux ¾ sur fonds propres ce qui fait exploser la dette…
En attendant, il faut aussi faire de la place aux petites politiques du quotidien, qui ne coûtent pas très cher, mais qui peuvent tout changer en termes d’attractivité et de bien-être des Hutois.
C’est possible, même avec moins de moyens ! En faisant des choix, en faisant preuve d’innovation, en faisant confiance au personnel et aux Hutois directement !
Et comme déjà dit par le passé, nous sommes tout à fait disponibles pour y travailler avec vous. Notre porte est toujours ouverte pour travailler ensemble, dans l’intérêt des Hutoises et des Hutois, pour améliorer leur quotidien !
Mais tel qu’il est proposé, nous ne pouvons malheureusement pas soutenir ce budget qui n’apporte pratiquement rien de neuf par rapport aux dernières éditions.